« Sicario » de Denis Villeneuve – La chronique qui en a plein les narines !
C’est la gueule fermée que tu claques ton strapontin et sors de la salle. Les pensées se bousculent. Les images s’agitent dans ta tête, la musique martiale et hypnotique y résonne des heures durant.
On ne sort donc pas indemne du nouveau film de Denis Villeneuve. Nous étions prévenus par une presse dithyrambique qui ne s’y était pas trompée. Depuis plusieurs films, le monde assiste à l’avènement d’un cinéaste grandiose et déjà majeur. Chacun de ses films provoque désormais attente et expectatives.
Alors « Sicario » (tueurs à gage en espagnol) vaut-il la hype et l’intérêt qu’on lui porte ?
Niveau réalisation, Denis Villeneuve nous régale. De la maîtrise, c’est le mot qui vient à l’esprit de suite. C’est carré, magnifiquement filmé. Denis Villeneuve tisse ses plans comme une araignée, pour mieux nous prendre dans sa toile. Le découpage est précis, net. Filmé au couteau, avec rigueur et beaucoup de talent.
La scène d’ouverture, glauque et dangereuse à souhait, donne d’entrée le ton du film : laissez tout espoir vous qui entrez ici.
Le second point d’orgue du film est l’extraction d’un gros ponte des cartels, de la frontière du Mexique à celle des Etats-Unis, menée par une équipe hétéroclite, composée de flics et de barbouzes ricains. Rarement la tension aura été aussi exacerbée. Comme une enclume sur ton estomac de spectateur. Brillant. Le maire de Juarez, la ville où se situe ce passage, a appelé au boycott du film et a menacé de porter plainte pour l’image donnée de sa ville. Il est sûr que Sicario n’est en aucun cas une bonne carte de visite pour de prochains voyages d’agrément au Mexique.
Dommage que ces deux moments indélébiles et incrustés à jamais dans ton imaginaire de spectateur volubile se situent dans la première moitié du métrage. Car si la première heure est sublime, régale l’œil et côtoie les cimes du chef-d’oeuvre, ce travail d’orfèvre, d’artisan du bonheur cinématographique se perdent ensuite dans une seconde partie où le film cherche son souffle sans jamais le reprendre.
Fort heureusement, le final prodigieux de bestialité et de nihilisme te laissera clouer sur ton siège au moment où la noirceur prendra le pas définitivement sur la lumière. Vas-y, reprends ta respiration l’ami(e).
Les acteurs sont exceptionnels. Josh Brolin cabotine mais nous en met plein la tronche. Benicio Del Toro nous délivre, une fois de plus, une performance exceptionnelle. Le cheveu ras, l’œil trouble, chacune de ses apparitions ajoute 50 nuances de gris à un personnage contrasté dont le versant obscur t’enverra te damner pour l’éternité.
Emily Blunt en agent du FBI désabusée est la candide du film, celle qui fait pénétrer le spectateur dans cet univers impitoyable et décomplexé. Totalement machiste et guerrier.
Car c’est bien de guerre dont il s’agit. Une guerre contre la drogue perdue d’avance. Un peu comme Hydra, tu coupes une tête et deux repoussent.
Pour en revenir au personnage d’Emily Blunt, c’est carrément LE point faible du film. Difficile de croire en ce rôle d’agent du FBI, censée être le petit prodige de son service, l’élève douée, mais qui se fait continuellement balader par ses collègues d’autres officines, qui passe son temps à pleurnicher, bouder, se saouler, menacer de démissionner et qui continue malgré tout. Le point noir du scénario qui plombe sérieusement l’ensemble.
La musique, en revanche, joue un rôle prépondérant dans la réussite de ce film. Elle distille une ambiance angoissante, malsaine, qui te fait suer sur ton siège.
Au final, Villeneuve en bon dealer d’images nous réjouit de ses joints mais ne nous fournit en aucun cas une came extra-pure. La faute à une héroïne de mauvaise qualité.
« Le monde change et il va falloir s’adapter », nous répète-t-on dans le film. Pas sûr qu’on y gagne…
Vous trouverez un autre avis sur l’excellent blog « Le Bibliocosme » en cliquant ici !
Et un deuxième avis magnifiquement détaillé sur le blog « Le Cinema avec un grand A » !
Donc pas un chef d’œuvre… c’est marrant, j’ai lu ta chronique avec la voix de Yannick Dahan dans la tête et je trouve que ça collait bien , que le ton était similaire 🙂 (ce qui est un immense compliment vu que j’adore le bonhomme).
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Pas pour moi mais beaucoup d’autres spectateurs ont adoré. Je te conseille de le voir tout de même ^^
Laurent Scalese m’en a parlé une fois car je ne connaissais pas ses chroniques et oui il est fort le bougre. Je te remercie d’autant pour le compliment même si je suis un tout petit Padawan par rapport au talent de ce monsieur 😃
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Alors si Laurent Scalese le recommande ,cela prouve bien sa valeur 🙂
Yannick Dahan , c’est un critique cinéma et il a également réalisé un long métrage , un film de zombie nommé « La Horde » (dans lequel j’ai été figurant 🙂 ). Il a son émission appelé « Opération Frisson » que je suis depuis plus de dix ans. Et pour dire simple ,ce gars là c’est mon gourou , c’est lui qui a orienté vers quoi devrait se tourner ma vision du cinéma.
Alors pour toi jeune Padawan ,je te donne le lien vers sa dernière émission dans laquelle il parle (entre autres) de Mad Max Fury Road … si t’as un petit quart d’heure à perdre ,je te conseil vivement de mater ça et tu comprendras pourquoi la comparaison avec ta présente chronique en fait un compliment.
http://yannickdahan.kazeo.com/saison-12/saison-12,r2126730.html
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Oui j’en ai entendu parler mais je l’ai pas vu 🙂
Ah cool je mate ça dès que je trouve une zone wi-fi 😀
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Ce film me tente…Je pense aller le voir. Je te dirai ce que j’en pense.
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Ah mais j’adorerais lire ton avis 😃
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« La chronique qui en met plein les narines » 🙂 🙂 🙂
Pour ma part, je pense que c’est un grand film puisqu’il a réussi à me prendre au piège alors que je n’étais pas convaincue du tout. Il faut dire que le regard ténébreux de Benicia del Toro est hypnotique. En revanche, je suis d’accord avec toi concernant le personnage d’Emilie Blunt: qu’est-ce qu’elle m’a énervée celle-là avec son côté cruche et naïf jusqu’au bout ! Mais que les choses soient claires: c’est le personnage qui m’a agacée, l’actrice elle est sublime et si tu veux la voir dans un registre très différent, il te faut « Des saumons dans le désert ». Sur ce, bonne journée !
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😉 🙂 😉
Ah mais je suis d’accord avec toi, c’est un très beau film.
Et d’accord aussi sur le personnage. Ce n’est pas Emily Blunt qui est en cause, elle joue même très bien 😃 c’est juste que ce personnage est mal écrit et exaspérant. Mais ce n’est que mon avis, un ressenti que peut-être d’autres ne partageront pas.
Bonne journée à toi Sido😘😘😘
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Ah je l’attendais impatiemment ta critique de Sicario! Ce film hante mon esprit 1 semaine encore après visionnage. Ta critique est nickel et bien étayée, sans aucun doute. A la différence que j’ai tout aimé dans ce magnifique film de Villeneuve, même Emily Blunt qui incarne à la perfection cette conscience tellement américaine de la lutte entre le bien et le mal. Sauf que là, le mal l’emporte et que oui le monde change, même si les conséquences semblent définitivement les mêmes….
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Merci mon David pour ce très joli commentaire. J’ai lu ta chronique sur Allocine hier soir et je l’ai trouvé tres juste.
Je trouve très pertinente ton analyse du personnage d’Emily Blunt.
Mais ne nous y trompons pas « Sicario » est un beau film que je vous conseille.
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J’y avais pas pensé ! …à rajouter à ma liste …, mais en dernier, j’ai déjà » seuls sur mars » et » hôtel transylvanie2″ 😀
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Tu me direz en tous cas 😃
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Belle chronique en effet !! Pour moi un film qui colle malheureusement à une réalité ! Ou est le bien ? Ou est le mal ? Après des acteurs qui collent bien aux personnages, une réussite!!
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Je suis totalement en phase avec toi Kris 🙂
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