« Le Secret des Marrowbone » de Sergio G. Sanchez – La chronique qui chuchote à l’oreille des fantômes !

Le Pitch : Pour ne pas être séparés, Jack, 20 ans, et ses frères et sœurs plus jeunes, décident de cacher à tout le monde le décès de leur mère qui les élevait seule. Ils se retrouvent livrés à eux-mêmes dans la ferme familiale isolée, mais bientôt, d’étranges phénomènes indiqueraient qu’une présence malveillante hante leur unique refuge…

Décidément cette cuvée filmique 2018 regorge de pépites et ce film en est une.

Surprise ou pas ?

Il est vrai que l’affiche teaser du « Secret des Marrowbone » était suffisamment intrigante pour susciter l’envie au premier coup d’œil. Sentiment renforcé à la vision de la première bande-annonce qui ajoutait au classique film de fantômes la chronique familiale intimiste. Et c’est cet apport qui fait clairement la différence.

Les Marrowbone n’est pas un film qui fout la frousse même si l’intensité de certaines scènes fait monter la pression. C’est un film qui prend le temps d’installer une ambiance et ses personnages. Parfois contemplatif, te faisant osciller entre lumière et obscurité, la caméra de Sergio G. Sanchez pénètre son univers avec douceur et promesse de miel. Mais les guêpes ont le dard dur.

 

Autant vous prévenir l’action est lente, un peu nébuleuse par moment mais ça permet de se concentrer pour en appréhender les détails et les révélations distillées au compte-gouttes. Pourtant, jamais l’ennui ne suinte, le métrage proposant une montée progressive dans la frayeur et l’horreur (plus psychologique que physique par ailleurs). Au contraire vos pores se remplissent d’un sébum vivifiant qui vous garde en alerte. Indispensable pour comprendre où le réalisateur vous emmène jusqu’au dénouement/retournement final.

Ah ah famille heureuse !

Le film explore les liens tissés entre 3 frères et 1 sœur, 1 magnifique ouvrage aux mailles enchevêtrées. Souvenirs lancinants qui font échos aux rires de l’enfance et à ses potentielles souffrances.

Le réalisateur ajoute un petit côté Tom Sawyer/Huckleberry Finn des plus plaisants qui contribue à cette impression de dépaysement total où l’on s’abandonne volontiers.

Le quatuor d’acteur qui compose la petite fratrie des Marrowbone est excellent. Chacun des acteurs creuse de ses mains le personnage qu’il lui est donné de jouer pour nous en livrer une substantifique moelle dont on se repaîtra dans la marmite étincelante qu’est ce film.

Marrowbone signifie d’ailleurs « os à moelle » en français et c’est exactement cette saveur augmentée qui fait le sel du bouillon délicieux qui nous est servi.

Trip bizarre, quasi huis-clos familial, le secret des Marrowbone restera bien gardé jusqu’à un twist final bouleversant et c’est la gorge nouée d’émotions que l’on quitte son siège. Leçon magistrale. Clap, clap !