Live Blog Festival sans Nom de Mulhouse : Rencontre avec Nicolas Lebel et Olivier Norek !
Retranscription d’une interview réalisée par Hervé Weill le samedi 21/10/17. Je précise que ce sont les grandes idées développées par les intervenants et pas du mot à mot puisque les notes sont prises par écrit en direct. Pardon par avance si j’ai par mégarde trahi les propos des auteurs.

Live Blog Olivier Norek Nicolas Lebel – FSN 2017
Q : On vous sait très complices et il y a un point commun entre vos livres, notamment un contexte terroriste.
Nicolas Lebel : Lorsque j’ai commencé « De cauchemar et de feu », c’était au moment des attentats du bataclan. Un événement aussi marquant pour la France que les attentats du 11 septembre pour les USA. Tout le monde se souvient où il était ce jour là. Ça m’a forcément inspiré. J’ai appelé mes éditeurs et je leur ai dit : « mon prochain roman parlera d’un terroriste sous l’influence de religieux fanatiques ». Un silence gêné au bout du fil. Je leur ai dit « il se passera en Irlande dans les années 70 ». J’ai senti le soupir de soulagement (rires).
Olivier Norek : Dans « Surtensions », mon précédent roman, le sujet tournait autour des conditions carcérales en France et on m’a reproché à l’époque de ne pas avoir parlé du recrutement des terroristes en prison.
Alors dans « Entre deux mondes », j’ai traité le recrutement dans la jungle de Calais. Pour recruter, les fondamentalistes vont dans des endroits où règnent la misère : Les cités, les prisons, la jungle de Calais… Ce n’est pas que j’ai voulu parler de terrorisme dans « Entre deux mondes », ce n’en est pas le sujet principal mais je ne pouvais pas passer à côté. Après ce n’est pas le propos du roman.

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Q : Comment avez vous rencontré les différents intervenants de la jungle de Calais ?
ON : J’ai pris mon sac à dos puis je suis allé à Calais et j’ai observé. Je n’ai pas voulu poser des questions pour ne pas aiguiller les réponses. Je suis resté 3 semaines et je me suis positionné comme une caméra qui enregistre les témoignages mais ne juge pas. Il y a eu 3 morts pendant ce laps de temps.
La journée, je la passais dans la partie sud de la Jungle, la plus calme, accueilli par des soudanais. Le soir j’observais la BAC pendant toute la nuit et leurs manœuvres pour empêcher les migrants de prendre d’assaut les camions voulant se rendre en Angleterre.
Alors j’ai cherché les salauds. Était-ce les migrants ?
Malgré leurs conditions de vie, leur précarité et leur misère, ils ne se plaignent jamais quand tu discutes avec eux. Ils ont juste fui les conditions atroces de leur pays d’origine. Et nous on leur donne des leçons ? Je rappelle qu’en France en 1940, quand la guerre s’est déclarée, on s’est barré ! 8 millions de français et 2 millions de belges se sont retrouvés en exode. On a fait pareil alors on a pas de leçons à donner.
Les salauds sont-ce les calaisiens ?
Hé bien non ! Les calaisiens au lieu de se replier sur eux même ont créé une association pour aider les migrants. Ils ont fait montre d’une générosité et d’un humanisme sans faille. Pas sûr que les Parisiens auraient fait la même chose si 10000 migrants s’étaient installés d’un coup.
Je me suis donc dis alors les salauds, ce sont les flics ?
Je suis allé voir les flics qui m’ont dit « on fait pas un boulot de flic on fait un boulot d’épouvantail en essayant de faire peur aux migrants pour les empêcher de prendre d’assaut les camions se rendant en Angleterre. C’est la seule façon de garantir l’économie de la région et de la ville. Si les camions ne passent plus par Calais, ce serait un désastre économique. Mes gars sont dépressifs et certains ont fait une tentative de suicide à cause de la situation » m’a dit mon contact chez les flics.
« Pourquoi tu les gardes tes bras cassés », lui ai-je demandé ? « Justement, c’est ce côté humain et fragile – ce qu’ils sont obligés de faire les heurte et les blesse – qui leur permet de garder leur humanisme. Je ne veux surtout pas de cow-boys sans foi ni loi prêts à gazer des gens sinon la situation aurait explosé. »
Donc pas de salauds finalement. Juste des gens de tous horizons qui essaient de faire au mieux. J’apporte le matériel essentiel pour que chacun se fasse son point de vue. Je ne juge pas.

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Q : Comment t’es-tu documenté, Nicolas ?
NL : je suis allé à de nombreuses occasions en Irlande du Nord à la fin des années 80/début 90. Il y avait la guerre entre loyalistes et indépendantistes. Dans certaines rues, les militaires nous mettaient en joue quand je passais avec un Irlandais. C’était hard. Voilà comment c’était fin 80/début 90. Les images d’archive existent et j’ai pu ainsi voir et « vivre » les combats et cela m’a aidé a bien raconter les faits.
Q : Pourquoi ton flic, Mehrlicht, est-il si moche ?
NL : Je crois qu’à notre époque où tous les flics sont beaux gosses et bodybuildés j’ai voulu créer un vrai personnage ancré dans le réel. Mehrlicht a un côté années 50, il est décalé du monde moderne et se retrouve confronté aux problèmes du quotidien. C’est ce décalage qui fait le sel de mon univers.
Q : Mehrlicht est fan de Julien Lepers ?
NL : Oui et non. Quelques années auparavant, il est allé sur le plateau de l’émission mais il jurait entre chaque réponse ce qui fait qu’il a été écarté du plateau et du montage. Julien Lepers est donc devenu son ennemi notoire. Alors quelques années plus tard, Mehrlicht retente sa chance pour se venger, se qualifie et il s’aperçoit qu’il n’y a plus Julien Lepers… qui a été viré… c’est ça la vie de Mehrlicht !

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Q : Alors Olivier, d’un côté tu as un flic français qui débarque à Calais et de l’autre un flic migrant qui se croisent. Le migrant reste flic dans son attitude quand il débarque à Calais ?
ON : J’ai été flic dix-huit ans. Quand j’arrive dans un café, je me mets en face de l’entrée. Quand je donne RV à quelqu’un j’arrive une heure avant pour repérer les lieux. Pour en revenir au flic syrien, il a besoin de s’occuper en attendant sa femme et sa fille qui ne sont pas encore arrivés à Calais. Pour ne pas devenir dingue, il va profiter d’un meurtre pour se remettre à l’action. Mais c’est pas simple, il va donc collaborer avec un flic français et enquêter dans la jungle. Cest une manière de sauver sa vie.
Q : Nicolas, quand on parle de l’Irlande, on pense légendes ?
NL : Oui, c’est un gros pan de la culture irlandaise et celte. Les anglais ont tenté d’interdire la langue et le folklore irlandais. C’est l’inverse qui s’est produit. C’est devenu une arme pour les nationalistes qui s’en sont servit pour revendiquer leur culture et combattre l’anglais. Dans le livre, ça permet au personnage principal de s’appuyer sur une vieille légende pour revenir se venger par le feu.

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Q : Quelle était l’idée première quand tu as écrit ce livre ?
NL : C’était d’abord une nouvelle aventure du capitaine Mehrlicht qui a frappé à ma porte. L’Irlande me hantait depuis des décennies et j’avais envie de parler de cette histoire et de cette culture. J’avais l’idée d’une diachronie et envie de l’écrire comme cela. J’ai donc commencé en écrivant un chapitre sur deux au présent et un chapitre sur deux au passé. Mais je me suis retrouvé bloqué au bout d’un moment. Du coup, j’ai stoppé et j’ai écrit d’abord toute la partie du passé. Et d’un seul coup tout était plus fluide et s’enclenchait bien. Mon livre, c’est partir d’une petite histoire pour arriver à la Grande. Lorsque les militaires tirent en 1972 sur les manifestants personne n’en connaissait l’impact et que ça deviendrait le Bloody Sunday, un moment historique.
Q : Tu es un artisan de l’écriture ?
NL : Oui absolument un roman se construit verticalement. On avance, on recule, on retravaille. Ça ne s’écrit jamais d’un jet.
ON : Moi, à l’inverse, je connais mon schéma de A à Z : 64 post-it égalent 64 chapitres et je les travaille ensuite dans cet ordre.

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Q : Vous lisez chacun les romans de l’autre ?
NL : J’ai lu tous les Norek sauf le dernier.
ON : Je n’en ai lu qu’un mais il y a du Lebel dans chacun de mes romans. C’est ma némésis.
NL : C’est un travail solitaire l’écriture, c’est angoissant. On a besoin de se tourner vers les potes qui connaissent les mêmes difficultés. Notre premier salon, avec Olivier, nous l’avons fait ensemble à Montigny, tout penaud avec notre premier bouquin. On s’est marré et on a gardé cette amitié partagée ensuite avec Claire Favan et Jacques Saussey. Ce qui nous permet de se cartonner sur FB et de faire du buzz en faisant rire les gens.
Q : Où allez vous chercher cette humanité ?
ON : J’ai eu l’impression d’écrire quelque chose de plus grand qu’un Polar car j’ai trouvé de l’humanité dans l’horreur.
NL : On suit des individus qui vont incarner des grandes causes, il y un côté mythologique. Des forces sociétales, politiques vont se mettre en travers de leur chemin et ils vont devoir se surpasser pour s’en sortir. Les gens se reconnaissent dans les personnages, ils sont en résonance avec vous.
Q : Il y a quelque chose de très sensible dans ton livre : les enfants
ON : Il y a des milliers d’enfants réfugiés dans la jungle. L’état français les a abandonnés alors qu’il est censé s’en occuper. On laisse y perdurer la prostitution enfantine. Est-on vraiment le pays des droits de l’homme ? Ça se passe en France. C’est blessant pour nous. FIN

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Bonjour David, cette année on est gâté, de très bons livres avec Nicolas Lebel De cauchemar et de feu, Olivier Norek Entre deux mondes , Sire Cedric. Que des heures de bonheur. Bonne journée. Bises ☺
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Bonjour Aurore ! Tu as bien raison, 2017 est un excellent cru et si en plus tu y ajoutes le dernier Camhug « Isla Nova » tu as quasi le tiercé gagnant même si l’année n’est pas encore finie et nous réserve de belles surprises 🙂
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J’attends celui de Gipsy paladini avec impatience.
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Exactement celui que j’avais en tête quand je te disais l’année n’est pas encore finie 😉
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C’est une auteure que j’aime beaucoup et qui a une écriture dynamique et cru. J’étais tomber sous le charme avec ces deux premiers livres.☺
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Pareil que toi 😉
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J’adore ses deux auteurs! Géniale cette interview! Merci pour ce moment partagé! 😉
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Ah je suis vraiment content qu’elle te plaise ^^
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j’adoooooooore!
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Yesssss !!!!
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Ahahah que ces photos sont géniales !!!!! Extraordinaire !
Merci pour ce magnifique retour !
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Avec grand plaisir mon Yvan, C’est vrai qu’on a beaucoup ri pendant cette rencontre 😀
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Merci pour ce moment partagé
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Avec grand plaisir Eric 😊
La rencontre était passionnante de bout en bout. J’espère avoir réussi à le retranscrire 😉
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Je t’avoue avoir survolé puisque vu en live hein 😉 mais Yvan a raison superbe photos 🙂 bises
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Merci 😊 Bises
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j adore
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Merci Daniel 🙂
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C’était un sacré moment que l’on a vécu là mister David.
Tu le retranscris très bien, comme d’hab, j’ai envie de dire.
Et très belles photos de ta photographe préférée ! 😉 🙂
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Un grand merci pour tes gentilles paroles 🙂
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un grand merci à toi mon ami !
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je n’étais pas là mais grâce c’est comme si j y étais! merci!!!!
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Merci pour ton enthousiasme mon Dav 😉
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Quels beaux yeux il a, le dieu grec !!! 😀
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C’est vrai 😉
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Tu trouves aussi !!! ❤ Lovely 😛
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:p
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