Rencontre avec Paul Colize chez Fleuve Noir (06/10/15) – Leçons pour un braquage !
Invité par l’excellent site de lecture, Babelio, à l’occasion de la sortie du nouveau roman de Paul Colize (auteur belge de polars), « Concerto pour 4 Mains », la rencontre avec l’auteur se promettait d’être passionnante tant l’homme est truculent. Et nous n’avons pas été déçu. Animé par Pierre Krause et parsemé de questions de lecteurs, c’est à une très jolie rencontre que nous avons assisté. Un grand merci aux Editions du Fleuve pour l’excellent accueil.
Q : Avez-vous d’autres activités professionnelles en plus de l’écriture ?
J’ai un métier, je suis consultant et formateur sur la façon de gérer son temps. Quand on est très motivé on trouve toujours le temps de le faire. Ça n’existe pas le « Je n’ai pas le temps ». Quand on veut trouver du temps, on en trouve toujours. C’est une question de choix dans ses activités. Par exemple je ne regarde pas la télé, je choisis mon activité.
Q : Quel rôle joue la musique dans votre oeuvre ?
La musique est importante, je pars du principe qu’il faut mettre les 5 sens dans l’écriture mais je ne peux pas écrire en musique. Un concerto est en trois mouvements et comme cela que j’ai construit mon dernier roman.
De plus, j’aime les casses têtes et les puzzles et pour moi, les livres sont un jeu de construction.
Si un lecteur met plus de cinq jours à lire mon livre c’est que j’ai raté mon coup. L’idée est qu’à chaque fin de chapitre, le lecteur ait envie de lire le suivant de ne pas le lâcher de la nuit. Je sens quand le « truc » fléchit et j’y suis attentif quand je relis ce que je viens d’écrire.
Q : Comment vous est venue l’idée du roman ?
Le point de départ est un braquage spectaculaire en Belgique en 2013. Je me suis dit, ce sera le thème de mon prochain roman. Comment de petits larcins en petits larcins devient-on un grand braqueur ? Je me suis inspiré de personnages et situations réelles. Certains sont authentiques, d’autres demi-authentiques. Et surtout comment ne pas se faire prendre quand on fait un casse avec tous les moyens actuels ?
J’avais besoin pour mon intrigue d’un avocat pénaliste et j’avais besoin de rencontrer un braqueur. Je connaissais un avocat, Pierre Monville. L’avocat connaissait un braqueur, François Troukens. Je l’ai contacté et il a accepté de me rencontrer. Il débarque donc chez moi, le courant de sympathie s’installe très vite et il m’a suivi sur ce bouquin.
Pour l’anecdote et parce que c’est uniquement en Belgique que ce genre d’événements peut se produire, je vais vous raconter une histoire : Un jour il me dit « je vais devoir m’absenter, je retourne en prison ». Je lui demande pourquoi ? Il est réinséré, il écrit un bouquin, un scénario pour un long-métrage. Bref, rien de répréhensible, au contraire. Le problème est que pour les besoins de son film, il va à Paris pour rencontrer Joey Starr lors d’une soirée. Ce qui donne lieu à quelques articles dans la presse.
De retour en Belgique, la police l’embarque car selon l’article 8 du code pénal belge, en période probatoire, un ex-détenu ne peut rencontrer un autre ex-détenu. Bing 6 mois de prison. Voir l’Article en question cliquant là. Merci à Exulire pour le lien
Arrivé en prison, on lui refuse l’entrée et on lui dit de revenir demain car la prison est pleine (rires). Ça n’arrive qu’en Belgique ce genre de choses. Mais le lendemain il y est retourné pour assumer ses actes. J’étais stupéfait de sa réaction, il a accepté sans râler avec fatalisme de retourner en prison. Ça m’a permis de m’intéresser au système judiciaire belge. Et le jugement est terrible et sans appel. Et je le dis dans mon livre, beaucoup de terroristes viennent de Belgique, ce n’est pas un hasard.
Du coup, gros paradoxe, chaque semaine nous parlions de monter des casses pendant mes visites en prison (rires). Le problème majeur n’est pas d’ouvrir un fourgon mais de l’arrêter. C’est ce qui nous a pris le plus de temps, réfléchir à la meilleure façon de commettre un larcin sans se faire prendre. Au final, nous avons échafaudé deux plans, 1 pour le bouquin et 1 pour le film de François.
L’idée du personnage féminin vient de François d’une personne qu’il a connu et qui a joué le même rôle que Julie dans le bouquin.
Q : Y a-t*il beaucoup de récidives ?
Tout au long du roman on se demande si on peut vraiment arrêter de braquer. Il faut savoir que la majorité des détenus replonge après la prison. Parce que l’adrénaline du casse est un carburant, une drogue. Quelques jours avant, on ressent une euphorie. C’est aussi ce qui fait qu’on replonge. De plus, le butin est vite flambé, vite dépensé, il faut à nouveau trouver de l’argent et de nouvelles idées de braquage. Il faut savoir que l’immense majorité des braquages bénéficie d’une complicité interne.
Q : Est ce important de situer son action en Belgique ?
Je suis contre le fait d’écrire un livre qui se passe aux Etats-Unis alors que je connais bien Bruxelles. Bruxelles a beaucoup de quartiers différents, selon les heures dans les mêle quartiers. J’aime écrire sur ce que je connais.
Q : Le style est simple et moderne souligne un lecteur. Comment le travaillez-vous ?
Ça demande un travail inimaginable pour moi. Je suis nourri aux anglo-saxons. Pas de fioritures : il faut décrire le fait et c’est le lecteur qui y ajoute de l’émotion.
Dans le polar rare sont les gens qui posent leur livre, méditent sur une page et reprennent leur bouquin. Moi je ne sais pas faire, je veux le faire le plus ramassé possible, avec une écriture la plus visuelle possible. Et surtout je travaille la fluidité. J’écris pour me faire plaisir, je suis mon premier lecteur. Les auteurs qui m’inspirent : Carter Brown et Sebastien Japrisot.
J’y mets aussi de mes influences cinématographiques : notamment « Heat » avec Pacino et de Niro. Michael Mann a dû se casser la tête pour qu’il n’y en ait aucun des deux qui se sente lésé. J’ai essayé de faire la même chose dans mon livre.
Je n’ai pas de plan, je pars d’une idée et je la développe. Je ne connais pas la fin le plus souvent. Comme Stephen King d’ailleurs. Il en parle dans son livre « Ecriture »
Q : Qu’ont pensé du roman vos deux protagonistes, Pierre Monville et François Troukens ?
Ils l’ont lu et corrigé au fur et à mesure en fait.L’écriture du livre à pris 15 mois. Et nous avons largement eu le temps d’en discuter. A priori, ils en ont l’air content.
Q : Allez vous lire les chroniques sur Babelio et, de manière générale, êtes vous sensible aux remarques des lecteurs ?
Oui et quand je lis des critiques négatives, je suis souvent d’accord avec eux. Et j’y pense les prochaines fois que j’écris. J’aime quand les chroniques sont détaillées, que le lecteur a compris mes intentions et qu’il a décodé ce que j’y ai mis.
Super commentaire de ce bon moment passé avec l’auteur.J’y étais et nous avons échangé quelques mots car je vous ai reconnu grâce à votre tee-shirt!!
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Ah oui ça a été un grand plaisir de vous y avoir rencontré 😃
Et ça me fait encore plus plaisir de lire votre commentaire.
J’espère que le blog vous plaît 😃
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J’y trouve un intérêt certain dans les goûts que nous partageons.En ce qui concerne ceux que je ne partage pas(je n’aime pas la BD par exemple),je me garderai bien de critiquer,je ne suis que ce qui me plaît.J’ai déjà pas mal de centres d’intérêt qui me permettent de passer de bons moments.Je continuerai donc à vous suivre.
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Vous m’en voyez extrêmement heureux 😃
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Merci pour ce retour d’interview.
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Merci de l’avoir lu 🙂
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Tu peux compter sur moi 😉
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Je sais et j’apprécie 🙂
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j’adore cet auteur, son dernier livre n’est pas son meilleur à mon sens, mais il est excellent, comme tout ce que fait Colize.
Et puis j’aime bien le rencontrer et j’aime son humour pince-sans-rire 😉
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Oui c’est c’est exactement que j’ai ressenti en le côtoyant. Je l’ai beaucoup apprécié 🙂
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Le résumé de cette rencontre est super. Tu utilise un Dictaphone ?
Merci de m’avoir cité 😉
J’espère à bientôt pour une nouvelle rencontre babelio ou ailleurs.
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Ah je suis content que tu aies aimé d’autant que le tien était très réussi 🙂
Non j’ai pris des notes sur mon iPhone.
De rien pour la citation, c’est bien normal.
Et ce sera un grand plaisir de te recroiser de nouveau 😃
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Bon, les mecs, on se le fait ce braquage du dernier roman de Paul ?? 😀
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Hihihi ah oui un casse de livres 😉
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Bon, demandons à monsieur Colize des plans pour braquer un camion rempli de romans policiers, thriller,…
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À mon avis, il a plein d’astuces ^^
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J’achète déjà les cagoules pour le casse !
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Mdrrrr
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Et on ne collera pas de nominettes dessus avec nos noms et prénoms comme dans le film « l’enquête corse ».
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On va éviter 😉
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Oui !!
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