« Les enfants de chœur de l’Amérique » d’Heloïse Guay de Bellissen – La chronique au coeur ardent !
Une extraordinaire plongée dans les entrailles et la psyché de trois cerveaux abîmés.
Ceux de Mark Chapman, l’assassin de John Lennon, de John Hinckley, qui a tiré sur Ronald Reagan et de Holden Caulfield, le héros éternel de « L’attrape-Coeurs » de J. D. Salinger, cet adolescent qui refusait le passage à la vie adulte.
Et c’est sous le prisme de ce dernier que l’auteure construit une analyse sur l’état de l’Amérique. Il est à noter que « L’Attrape-Coeurs » est un monument dans la culture Nord-Américaine et qu’il a accompagné et bouleversé des générations de teenagers. Un ferment de la société américaine contemporaine. Et l’on retrouve d’ailleurs des références dans nombre de chansons et de films. De Green Day à Billy Joël en passant par « Shining » de Kubrick voire South Park. C’est dire que ce roman a marqué les esprits.À ce trio perturbé s’ajoute une quatrième voix, celle de l’Amérique elle même, que l’auteure pose en Mere nourricière, celle qui détient les clés illusoires du rêve américain et qui distille amour, haine et philosophie sanguinaire à ses rejetons.
Heloïse Guay de Bellissen examine donc à la loupe les travers d’une Amérique en perdition se cherchant des héros mais engendrant surtout des rejetons débiles et dangereux qui n’hésitent pas à mordre la main qui les nourrit. Mais la main qui caresse sera aussi celle qui broie.
On pourrait reprocher l’exercice de style un peu vain si l’écriture n’était pas aussi belle, aussi pure ; un rock taillé dans la pierre la plus dure qui taillade vos veines de lecteurs. C’est sublimement écrit, aux limites de l’obscur :
« Je n’ai aucun souvenir de mes premières années. Ma théorie, c’est que nos souvenirs, c’est comme quand la douleur est trop forte : un voile descend sur nos yeux et on tombe dans les pommes. C’est ce qui a dû se passer. »
Heloise nous susurre puis nous martèle son histoire, emplie de cynisme, de noirceur, de nihilisme. Entre cœur et chœur, plus qu’une question de sonorité, c’est un petit battement qui enfle en chorale violente, une unité qui se dissout dans un ensemble.
Découpé en quatre parties comme l’est votre cœur (on apprend toujours des choses en lisant), ce roman va le faire battre au rythme binaire du punk-rock, à coup de phrases puissantes, magistrales et de punchlines rageuses :
« Le soir même, mon nez pisse tellement le sang qu’on pourrait y faire du rafting. »
On parlait de Green Day plus haut, ça pourrait être des paroles tirées de leurs chansons.
Et pour terminer sur une jolie note, comment ne pas parler de cette magnifique couverture chargée de symbolisme et qui résume à merveille l’ouvrage ?
Livre reçu dans le cadre des Masses Critiques de Babelio. J’en profite pour les remercier ainsi que les Éditions Anne Carriere.
4eme DE COUV’
En 1980, à quatre mois d’intervalle, Mark David Chapman assassine John Lennon et John Hinckley tire à bout portant sur Ronald Reagan. Chapman et Hinckley, rien à voir en apparence, si ce n’est leur âge (25 ans) et leurs origines middle-class. Rien, sauf leur passion dévorante pour L’Attrape-cœurs et son héros, Holden Caufield. Sauf qu’ils aiment tous les deux les mômes, rien que les mômes. Qu’ils se méfient des pères qui picolent. Et des mères, hystériques. À moins que Chapman et Hinckley soient seulement les rejetons paumés d’une Amérique affamée de chair fraîche, de fric et de célébrité. Avec leurs airs d’enfant de chœur, ces deux-là racontent leur jeunesse. Chapman, le petit gros qui s’inventait des amis imaginaires. Hinckley, l’étudiant solitaire, fou amoureux de Jodie Foster, la gamine de Taxi Driver, qui le sauverait de son existence médiocre. De son côté, Caufield en a marre d’être bloqué dans la tête de ces tarés qui se sont emparés de sa vie en lisant L’Attrape- cœurs ; il en a marre que Salinger, ce génie mutique et égoïste, le maintienne dans son éternelle jeunesse et dans sa rage. Il voudrait que Salinger écrive la suite. Il voudrait grandir. Pas Hinckley, ni Chapman. Ces deux-là prétendront avoir dégainé leur arme par amour. Trop d’amour c’est sûr, un amour maladif pour eux-mêmes.
r’n’r !
Ce livre m’attire et me repousse en même temps, c’est très bizarre. Bon, ce n’est pas ta (chouette) chronique qui va m’aider à me décider 😉
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Non je comprends mais ce roman à vraiment quelque chose de particulier. Je serai très intéressé d’avoir ton avis 🙂
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un jour peut être 😉
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Pourquoi pas????!!!!si un jour, je le trouve sur ma route……;)
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😉
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Ce livre figure depuis quelques semaines sur ma liste. Je vais tâcher de le lire au plus vite!
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Je te comprends. N’hésite à revenir nous dire ce que tu en auras pensé quand tu le liras 🙂
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