La French
Bande-Annonce : http://youtu.be/AELNPQcR6lE
Excellente nouvelle : On peut faire un polar en France qui ne singe pas les américains, d’une qualité exceptionnelle et d’une justesse exemplaire ! Une petite merveille de film français donc !
Une réalisation magistrale pour commencer.
Ce qui frappe, c’est que Cedric Jimenez, le réalisateur, focalise sa caméra sur le visage des acteurs à base de gros plans. Ces plans serrés peignent des émotions. Des rires, des pleurs, la joie, la tristesse, le vague à l’âme, la déception, l’abandon…
Une palette émotionnelle qui permet au spectateur de plonger dans le psyché des personnages et d’y lire jusqu’au tréfonds de leurs âmes.
Dès les prémices, on est happé par la caméra et on se glisse avec délice, sans artifices dans l’antre du vice. Par Toutatis !
Que l’issue soit connue ne nuit en rien au film tant l’histoire du juge Pierre Michel racontée par Cedric Jimenez est intense.
Et un détail pour vous mais qui veut dire beaucoup : les personnages marseillais parlent avec l’accent marseillais. C’est très rare dans les films français, de nos jours, si vous faites attention. Et la reconstitution du Marseille des années 70 est une vraie réussite. Ça renforce évidemment la crédibilité, l’immersion et l’atmosphère du film.
Une atmosphère qui vous enveloppe pendant plus de deux heures et vous laisse exsangue à la fin. Les images vous trottant dans la tête longtemps après la projection.
Dujardin et Lellouche, en frères ennemis dont la gémellité sidère, nous délivrent une performance magistrale. Le réalisateur appuie sur leur ressemblance physique pour accentuer cette gémellité. Sidérant.
Et leurs rares scènes communes, mélange de coolitude et d’ambiance lourde à couper au couteau, font penser à « Heat ». Oui j’ose la comparaison avec Pacino et de Niro car on n’en est vraiment pas si éloigné et que quand c’est aussi bien joué, il ne faut pas bouder son bonheur. Polémique ? Allez, le César et plus vite que ça !
Quand aux seconds rôles, ils sont truculents et rendent crédible l’univers, l’ancrant dans la réalité. Petite mention pour Benoît Magimel, excellent dans son rôle de malfrat vengeur. Il fait penser au Delon du « Samouraï » de Melville.
Ce film est comme la vraie vie. Il se permet d’être drôle, triste, dansant, émouvant, meurtrier.
Il dure plus de deux heures et on ne s’y ennuie jamais. Jimenez insuffle un petit supplément d’âme à son film qui tranche cruellement avec la majorité des films sortis cette année.
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