« Le Pont des Espions » de Steven Spielberg – La chronique qui dort sous les ponts !

 

Après un « Lincoln » intéressant mais vite oublié, Spielberg nous revient en grande forme avec « Le Pont des Espions » et son ambiance de guerre froide. 

Spielberg nous fait revivre cette période intense de guerre froide, entre la fin des années 50 et le début des années 60. La peur de la guerre atomique etait prégnante, la parano universelle et l’envie de lynchage permanent ; les tensions étaient exacerbées.

La capture d’un espion russe infiltré depuis des décennies en Amérique va donc déchaîner les passions, raviver, si besoin était, les peurs primales et plonger le pays dans une paranoïa aiguë.

C’est dans ce contexte que nous assistons à l’élévation du mur de Berlin qui va définitivement contribuer à faire sombrer l’Est et l’Ouest dans la déliquescence et où chaque acte aura un parfum de conséquence funeste.

Pour filmer cela, Spielberg va user d’une approche Old school au charme suranné. Il va poser sur son film une patine qui le rend intemporel.

La réalisation est magnifique, les plans superbes, Spielberg impose un rythme faussement nonchalant pour nous raconter cette histoire d’espions. L’histoire tournant entre l’échange d’un espion russe et celle d’un espion américain et surtout mettant en exergue toutes les tractations officielles et officieuses pour mener à bien le projet. C’est tordu comme dans un roman de John Le Carré auquel on pense forcément pour ce type d’histoires.

Spielberg a une telle maîtrise de son art que le spectateur ébahi reste la bouche ouverte, la langue pendante. Sans artifices, sans pyrotechnie. En finesse. La patte d’un grand réalisateur.

Tom Hanks, une fois de plus, délivre une prestation toute en retenue, en justesse et en émotions. C’est le phare de ce pont, celui qui va éclairer notre vision du film.

Quant à l’espion russe, sur qui le film démarre, interprété par Mark Rylance, l’acteur est juste énorme. Son jeu sobre et intérieur force le respect. Impossible de ne pas vous signaler sa prestation. On ne croise pas tous les jours de tels acteurs.

L’addition de ces deux talents (Spielberg + Hanks) procure des vagues émotionnelles intenses, nous narre une belle histoire et nous donne de belles leçons d’humanisme contre le cynisme ambiant des divers services secrets et des politiciens de tous bords. Au prix d’un ticket de cinéma, c’est donné !