Apéro Polar du 19/12/15 : Rencontre CONTAGIEUSE avec Nicolas Lebel et Martine Nougué !

ApéroPolar Lebel / Nougué – Copyright Ko Ma
UNE MATINÉE LUMINEUSE
Un ApéroPolar, c’est toujours un moment magique et rare. Un instant privilégié partagé avec des auteurs. Une parenthèse enchantée orchestrée par la grande prêtresse du polar, Geneviève Van Landuyt, patronne de l’excellent Blog de référence « Collectif Polar Bibliothèque » que je vous invite vivement à fréquenter quotidiennement. Elle nous avait donné rendez-vous à la Bibliothèque Parmentier (20bis rue Parmentier – 75011 Paris).

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Beaucoup de monde s’était déplacé au vu de cette alléchante affiche. Y aura-t-il assez d’alcool, s’inquiète Nicolas Lebel ? Mais oui, l’organisatrice a tout prévu.
Santé Geneviève !

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Q : Parlez-nous un peu de vous…
MN : J’ai fait des études en sciences humaines. J’ai vécu très jeune en Afrique, au Cameroun. Je vis dorénavant entre Paris et Sète.
NL : Je suis né à Paris, j’ai fait des études de langues et de la traduction. Après les mots des autres, j’ai eu envie d’écrire les miens, de triturer la langue.
Q : D’où vous vient cet amour des mots…
NL : L’amour des mots est venu dès l’adolescence. Par amour d’abord, les mots permettent l’intime. J’ai mis les mots en forme. Puis j’ai arrêté de parler de moi pour parler des autres : poèmes, nouvelles, chansons, pièces de théâtre… J’aime le côté lyrique de l’écriture. J’ai abordé le polar. Le social me permettait de traiter de sujets d’actualité.
MN : L’amour des mots c’est ce qui nous lie, c’est venu très jeune. J’étais une grande lectrice. Je suis tombé amoureuse des mots. L’observation de la réalité mène à la fiction. Ca fait 30 ans que je travaille dans la communication. J’ai fait partie de l’équipe qui a créé le prix SNCF du polar. Je me suis intéressé de plus près au genre. J’ai eu envie de créer, de faire vivre des personnages. Et c’est comme ça que mon premier roman est venu.

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NL : L’humour est en contraste des sujets qui sont traités. Mes écrits ne sont pas spécialement très noirs certes, mais ça permet de respirer. C’est un point de vue cynique. Ces moments de déconnade constituent des soupapes. Ça permet de rythmer le livre. J’espère qu’on referme mes bouquins le sourire aux lèvres. Lumineux. Je veux que les gens se marrent. Moi ça me fait marrer en tous cas, je suis mon meilleur public. Si en plus, j’arrive à sourire le lendemain c’est gagné ! Il faut le calibrer et qu’il serve le propos.
MN : Je souscris à ce que tu dis. C’est une pause. Une respiration. Je me damnerai pour un bon mot. J’ai les oreilles ouvertes en permanence. J’écoute beaucoup les gens. Je laisse traîner mes oreilles, je suis à l’écoute des gens, des situations. Les replacer dans mon livre est un plaisir. Je suis une joyeuse. J’ai le goût de la joie de vivre et je veux le partager.

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NL : L’humour est la politesse du désespoir, disait Desproges. Dans les situations désespérées, au lieu d’être lacrymale, je crée le chaos burlesque.
MN : Je rebondis, elles sont pleines d’humour et d’esprit sans tomber dans la gaudriole. C’est de l’émotion.
Q : Vos personnages ont des caractères bien trempés…
MN : Créer un personnage c’est jubilatoire, on va mettre beaucoup de notre expérience, de ce qu’on aimerait retrouver parfois dans la vie. Mon héroïne est intelligente et très belle, elle est africaine. Elle est de Sète où je vis. Quand on crée des personnages on y met ce qu’on est, ce qu’on aimerait être.
NL : J’étais avec Norek la semaine dernière : il écrit du polar réaliste, sur ce qu’il connaît, et fabrique son équipe en terme de compétences. Moi, j’écris plutôt des personnalités. Les personnages que l’on crée ne sont jamais loin de nous ou des personnes que l’on connaît. Pour Mehrlicht, je me suis inspiré de Colombo, Maigret, un homme déconnecté des technologies et du monde moderne.
MN : Mon héroïne est africaine, elle a une intuition des choses. Elle n’est pas réaliste. Nos personnages sont exacerbés dans leur caractère. Plus grand que la vie. Un de mes personnages, un papy, appelé « Champion du Monde » existe. Je l’ai rencontré dans un village. Les personnages principaux sont fictifs, les secondaires souvent inspirés de rencontres.

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MN : Je n’étais pas parti pour une série mais les gens me le demandent. Le bouquin a beaucoup mieux fonctionné que je ne l’aurais imaginé. Du coup, je mûris mon deuxième et je vis avec Pénélope Cissé en permanence. J’y suis attaché à ce personnage. Je vais continuer
NL : On est aux commandes. On a ce pouvoir divin sur les personnages, ils ont intérêt à se tenir à carreau (rires). J’ai lu leur avenir dans les lignes de leur mains. Je sais où ils vont. Pour Dos Santos, un de mes personnages ancien frontiste, je lui fais payer son passé. Changerais je un jour ? Souffrira-t-il encore ? Nous verrons. Les gens m’ont beaucoup reproché la mort d’un de mes personnages alors qu’ils auraient du s’y attendre, il avait un cancer en stade terminal. Les personnages sont cadrés dès le début. On pose des jalons. Les lecteurs peuvent deviner où je les emmène.
MN : C’est très juste ce que tu dis. Les polars sont ancrés dans la société. Ils sont sociaux, connectés à l’actualité. Mon 1er bouquin parlait du racisme et de la xénophobie, prégnant dans l’actualité d’aujourd’hui. Je suis féministe et mon héroïne va défendre des causes qui me tiennent à coeur. Dans le polar, nous sommes des observateurs de la société.
NL : Je vis dans le 12ème (arrondt de Paris), mes héros vivent dans le 12ème. Nous sommes dans l’actualité. J’assume mon point de vue sur notre société dans notre polar. Je ne crois pas en la race blanche comme le prétend Nadine Morano. Le polar sert à parler de Nous et à combattre les idées nauséabondes qui prolifèrent. Il faut le faire.
MN : Les auteurs de polar sont souvent engagés. De l’ironie pour dire des choses très graves.

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NL : Je fais du polar parisien. J’ai la chance d’y vivre et de bien connaitre la ville. Son histoire m’inspire. Je préfère exploiter ce que je connais.
MN : J’écris aussi sur le Languedoc, ma région. Qui devient un personnage du roman d’ailleurs. Il y a de la personnalité, une histoire dans la région. C’est une richesse et il serait dommage de s’en priver.
Q : Beaucoup de recherches…
MN : À mon âge, on a du vécu et de l’expérience. Pas toujours besoin de se documenter sur des événements qu’on a connu. Pas trop de recherches. Pour certains faits, je me pose au café du coin et j’écoute. Et ça me donne de la matière. Il y avait une statue « Les Belges reconnaissants » qui a donné vie à mon roman. Quand je dois être précise en revanche, là je fais quelques recherches.
NL : La fiction est un mensonge. On l’enrobe de faits réels mais on vous ment. Plusieurs écoles de polar existent : le qui (à la Agatha Christie), le comment (à la mystère dans la chambre jaune) ou le pourquoi ? Moi je suis dans le pourquoi. Je creuse, je fais des recherches, je rencontre des experts qui me documentent. Il y a une démarche de découverte.
MN : J’adore apprendre des choses en lisant un roman. J’ai le même souci en tant qu’écrivain : je voudrais que les gens apprennent des choses. Comme une envie de transmission.
Q : Le polar est-il l’équivalent du roman social du XIX…
MN : Oui totalement, cette littérature est importante. Ca a été fondateur pour moi. Les Zola, Balzac, Maupassant…
NL : Du « Réalisme » on va passer au « Réaliste ».
Q : Quel est le thème de votre prochain livre…
MN : Dans le premier, je parlais de la viticulture. Je parlerais de l’ostréiculture dans le prochain. Un contexte où les femmes avaient la vie dure et ont été exploitées.
NL : J’invite l’Irlande du Nord à Paris. Ce conflit m’a toujours passionné. C’est un moyen de parler de l’impact de la religion et du terrorisme dans la société.
Q : Cinéma ? Télévision ? Des Projets…
NL : « L’heure des fous » intéresse deux maisons de production.
MN : C’est plutôt du côté du théâtre qu’il va se passer quelque chose : la mise en scène de l’histoire des belges reconnaissants. J’ai créé une bibliothèque privée, Romans et Compagnie ; j’organise des cafés littéraires. On a créé une fête du livre à Montbazin. Le concept est que les gens viennent avec leur livre, les échangent, les vendent, en discutent. Gros succès. Du coup on l’a reconduit. On essaie de la faire grandir cette fête du livre, de l’enrichir.
Q : Un dernier mot…
NL : J’ai rencontré beaucoup de copains dans le polar. C’est toujours agréable de se retrouver dans les salons, c’est une famille qui picole qui aime la vie.
Un grand Bravo à Geneviève pour avoir mené ce débat passionnant entre deux auteurs prolixes et qui nous ont régalés !

ApéroPolar Lebel / Nougué – Copyright Ko Ma

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Yeah ! It rocks ! ;-). merci pour ce partage et de nous faire vivre cet événement à distance, on est privilégié pour ça.
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Ah c’était un super beau moment. Les deux auteurs ont été passionnants 🙂
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Ça a dû être super sympa! Merci de nous faire partager ce moment.
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Avec grand plaisir. Oui ça l’était 🙂
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Beau reportage … j’adore. ..Merci pour nous qui, de province, pouvons ainsi suivre vos rencontres …. c’est cool
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Merci ma Kris. C’est vrai que ca a été un très joli moment. Je suis content si le reportage te plait 🙂
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Génial!!!!Un régall!!!!!!!!!;)
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C’était top et très instructif et on a appris des trucs sur le prochain Lebel 😃
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Comme si j’y étais ! Super ! Martine et Nicolas sont extra ! de trés bons auteurs et des personnes trés sympathiques .Merci David pour cette rétrospéctive 😉
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Avec grand plaisir ma Sylvie, c’était top !
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J’aime bien, David, ta photo avec Lebel, derrière vous, il est marqué « ne laissez pas vos affaires sans surveillance » et voilà, c’est fait… On a laissé notre David sans surveillance et il s’est fait kidnapper par Nicolas Lebel ! Bardaf !
Mais oui il y aura toujours assez d’alcool, sauf si l’organisatrice a tout bu… 😛 Beau reportage, David, un gros smoutch à toi et Geneviève ! (qui faisait ta pub !)
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Oui on a fait exprès de poser là hihi 😉
Merci pour tes tres gentils mots. On s’est bien amusé. Ce n’est pas de là pub, c’est de la Contagion 😉
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Moi qui pensait que c’était dû au hasard, mais tu ne laisses rien au hasard, toi ! mdr
À force d’être « contagié », on va finir à l’hosto en pandémie !!
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Hihihi excellent !
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😛
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Comment veux tu que je ne sois pas contaminée. Il est extra ton résumé, merci pour tout ça aussi mon David.
Je suis heureuse de les avoir associé ces deux là.
Il faut dire que la lecture des Belges reconnaissants a eu sur moi le même effet que l’heure des fous. Alors après facile de leur trouvé des points communs 😉
Je suis heureuse aussi que vous ayez découvert Martine, c’est vraiment une belle personne en plus d’être une auteure talentueuse. Et ravie aussi que vous en ayez appris un peu plus sur le sieur Lebel.
Et merci à tous les lecteurs passionnés qui sont venus nombreux.
Bises mon ami. 🙂
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Content que le compte-rendu t’ait plu ma Genevieve. Oui ils étaient fort intéressants nos deux auteurs. Encore merci à toi et bravo pour l’organisation. Des bisous !!!
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Oh merci mon David; bises
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Bises
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Et merci d’avoir porté le t-shirt 😉
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Ce fut un honneur pour moi. 🙂
Et j’ai été ravie des questions de lecteurs sur celui-ci . 😉
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Oui c’était super plaisant 🙂
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Oui il est plaisant ce corbeau, mdr
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😉
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A reblogué ceci sur Collectif polar : chronique de nuitet a ajouté:
Aujourd’hui la parole est à Nicolas Lebel et Martine Nougué.
Et c’est David de l’excellent Blog C’est Contagieux qui en fait un super condensé.
Nos auteurs ont été soumis à la question durant une heure et demi et j’avoue que j’aurai bien passé encore plus de temps avez eux tellement ils étaient passionnant.
Aller je vous laisse découvrir le beau résumé de cet Apéro Polar que nous propose notre David international en lecteur assidu qu’il est. 🙂
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