« Spectre » de Sam Mendes – la chronique qui claque des dents !

Spectre – Sam Mendes
Y a pas à dire, James sait soigner ses apparitions, le générique est à couper le souffle, tourbillonnant, majestueux. Un travail d’artisan amoureux de son métier. Une créativité arrachée du poitrail de l’imagination. Éclairée, puissante, sertie de mille merveilles éblouissantes. Une idée à la seconde. Quelques minutes volées au bonheur qui passait dans la salle à cet instant-là. J’y ai laissé mes yeux qui errent encore entre les fauteuils.
Ainsi posé, « Spectre » laissait supposer du lourd, du très lourd.
Confirmé par la scène d’ouverture, un modèle du genre alternant plan séquence et cut ultra vifs. Cascades apocalyptiques, castagnes homériques, décors grandioses (ah Mexico !) et costumes flamboyants. James Bond avec l’œil qui frise, le spectateur accroché à son fauteuil comme une moule à son divin rocher.
Une sublime entrée en matière donc. James est de retour et ça va pas rigoler ! Non, ça va spectrifier les rétines même ! Hé hé !
Ah non…
…
…
En fait, une fois passé le premier quart d’heure survolté, Sam Mendes choisit la torpeur pour torpiller son film. Il ne s’y passe rien, absolument rien. Deux heures quinze de néant, de vide abyssal.
Un coup du « Spectre », ça ne peut pas être autre chose. Oui, c’est ça : Quelqu’un a dû effrayer le scénariste, menacer de lui casser les doigts…
Ponctué d’incohérences, de longueurs, de bâillements du spectateur. Décousu, manquant cruellement d’hormones et de phéromones, ce Bond sent la naphtaline. Allez, une p’tite verveine et au dodo.
La déconstruction du mythe de l’agent secret est intéressante si il y a de la matière, de l’intelligence et de l’ingéniosité pour proposer un autre regard. Ici, il n’y a que platitudes, si peu d’enjeux.
Partant d’une idée pourtant diablement excitante et ambitieuse, – le syndicat du crime « Spectres » régnant politiquement, économiquement et socialement sur le monde – le sujet est à peine effleurée alors qu’il y avait matière à exciter le chaland, faire saliver le fan et envoyer ce Bond au sommet de la franchise.
Somptueusement filmé en revanche, il faut bien reconnaître ça à Mendes.
Même si on voit bien que les montres sont de la marque Oméga (très jolies par ailleurs), on voit difficilement où Sam Mendes veut nous embarquer faisant le non-choix de nous faire dresser les poils des avant-bras et préférant la pose qui mène à la ménopause.
Et pourtant, Daniel Craig, depuis « Casino Royale », incarne à la perfection un Bond froid, déshumanisé, jusqu’au-boutiste. Il est impeccable en espion désabusé mais prêt à tout pour clore sa mission. Dommage que Mendes en fasse un pantin désarticulé dans cet opus poussif.
Même les James Bond Girls sont à mille lieux des canons du genre. Et je ne parle pas du physique, là. Pourquoi engager la sublime Monica Bellucci pour nous en donner une version aussi fade, clichesque et désincarnée ? Alors qu’elle est capable d’une sensualité et d’une animalité qui éclabousse l’écran quand elle est bien dirigée. Quiconque se souvient de sa présence dans « Le Pacte des Loups » de Christophe Gans sait combien elle peut proposer plus à l’écran.
Il en va de même pour Léa Seydoux, l’actrice principale, qui a si peu de présence, de charisme et de verve. Rien à voir avec le joyau brut de noirceur et de fragilité composé par Eva Green dans « Casino Royale » à une autre époque.
Sam Mendes ne semble pas s’intéresser à la direction de ses acteurs.
Christoph Waltz a beau cabotiner à l’excès pour donner un peu d’épices à ce plat sans saveur, son personnage paraît bien trop étriqué dans ce film sans étincelles.
Pour en revenir à « l’histoire », on déplorera une fin trop vite expédiée alors que le film est si long (?!), des méchants trop vite éliminés, sans que l’on ait eu le temps de s’imprégner ou de s’effrayer de leurs actions, de trembler de leurs vilenies.
Bref, vous l’avez compris, ce Bond est une déception qui laisse un goût d’amertume et d’inachevé en bouche. Ce n’est pas le film définitif et crépusculaire annoncé. D’ailleurs, ce n’est pas un grand Spectre. Juste un petit ectoplasme.
Oh ben merde alors !
Bon, ben je vais suivre tes conseils et j’irai pas le voir au ciména.
Avec l’argent ainsi économisé je vais m’acheter un bon bouquin. 😉
Et puis j’attendrai que la bibliothèque achète le DVD pour le matter, lol 😉
Voilà le programme !!!
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Oui c’est ce que je conseille 🙂
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Noté 😉
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Geneviève, i l faut y aller !!!!
Je rejoins David sur certains points. Le début à Mexico est juste exceptionnel. La bande son colle nickel et ça j’avoue que j’avais un peur justement (vu le succès de Skyfall). Ensuite, l’histoire…Le Spectre existe depuis le début dans le tout premier livre de Fleming, Casino Royal. C’est d’ailleurs le fil conducteur de tous les livres. Après les adaptations au cinéma ont été tellement faites au bon vouloir des réalisateurs. Si ils avaient suivi la logique des écrits, les choses auraient été un peu plus claires. Mais bon ! Alors, je peux comprendre que le rythme après descend un peu..la chute après Mexico. Et ça peut être décevant. Ceci étant, on retrouve l’esprit Bond, l’esprit des premières adaptions ciné mais aussi dans les livres.
Alors un moment donné, j’ai quand même une incompréhension quand ils sont dans le désert. Mais bon passons.
Concernant les James Bond, elles sont fades et elles sont à leurs places. D’ailleurs, je refais un parallèle avec les livres mais à part Vesper, elles ont toute cette place ! Alors si on parle de l’interprétation transparente de Léa Seydoux..euh non on n’en parle pas.
Ce qui me dérange le plus, c’est que ce volet nous donne l’image d’un James avec un coeur !!!! Mais il n’a plus de coeur depuis Casino Royal ! C’est un permis de tuer et non un permis d’aimer !!! Non mais sérieusement faut pas pousser le bouchon trop loin !! Il tue un point c’est tout !
Pour conclure, j’aime l’esprit James Bond, donc je ne regrette pas d’être allée le voir et je pense que j’irai le revoir pour me donner une nouvelle idée..tu sais après l’euphorie de la sortie.
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Il n’est pas du tout dans l’esprit des premiers avec Sean Connery je trouve pour ma part. Je constate qu’on se rejoint sur de nombreux points en tous cas mon Anne-Ju
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Ton avis rejoint ce que j’ai pu lire sur le net …. à savoir une intro qui tue et le reste qui pue 🙂
Moi qui ne suis pas fan de James Bond ,ça ne me touche pas ,puisque je n’avais pas prévu d’aller le voir.
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C’est super bien résumé j’adore !!! 😃😃😃
Je n’étais pas fan non plus à la base mais « Casino Royale » à ete une claque pour moi 😉
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Ah bah c’est malin: j’y vais ce soir après une journée de boulot qui s’annonce bien chargée. Je ne risque pas de m’endormir au moins ?? 🙂
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Je ne te le souhaite pas mais j’ai failli capoter peu avant la fin. Peut-être qu’il te plaira plus qu’à moi 😉
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Merde, un Bond en arrière alors ?? 😀
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Bien résumé 😃
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Si quand j’avance Bond recule, comment veux-tu comment veux-tu qu’il….
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Mdr !!!
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Tout d’abord, je souhaite te prévenir que j’ai lu ta critique avant d’aller le voir. Ma curiosité a d’ailleurs été plus aiguisée qu’autre chose car je comptais aller le voir quoi qu’il arrive.
Bref, en tant que grand amateur de la saga, j’ai quant à moi apprécié ce Bond, même si je suis d’accord il n’égale pas Casino Royale.Il a toutefois le mérite de surpasser le très surcoté Skyfall. j’explique pourquoi :
1/ Spectre renoue avec la légèreté et l’ironie des premiers opus. J’ai retrouvé du Sean Connery dans l’élégance désinvolte et surannée de Daniel Craig. Facette complètement et cruellement absente dans Skyfall. Par exemple, la scène d’ouverture où il tombe directement d’un immeuble qui s’effondre dans un canapé le prouve allègrement.
2/ LA scène d’ouverture digne de celle de Casino Royale et l’ensemble de la réalisation de Sam Mendes que j’avais trouvé bizarrement très académique dans Skyfall. On retrouve enfin le talent dont il a fait preuve dans American Beauty et Les Noces rebelles.
3/ L’homogénéité et la maîtrise dans son ensemble du film. C’est carré même si je reconnais de légers temps morts entre la scène d’ouverture et l’apparition de Lea Seydoux que j’ai trouvé personnellement plutôt à l’aise et juste
4/ J’ai retrouvé sur grand écran dans le rôle de C l’un de mes « méchants » préférés, à savoir le fameux Moriarty de la série Sherlock Holmes que je te conseille d’ailleurs fortement
5/ Au final un Bond de nouveau divertissant, prenant, à l’opposé toujours d’un Jason Bourne, mais pas le meilleur on est d’accord. Casino Royale, Goldfinger et Au service secret de sa majesté faisant partie de Top 3 bondien
Un 3.5 pour moi
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Un grand merci pour ce retour très détaillé et joliment amené.
J’ai reconnu Moriarty of course mais frustré que son personnage ne soit pas plus exploité.
Oui tout ce que tu me cites est dans la magnifique et haletante scène d’ouverture. C’est après que ca se gâte selon moi 😉
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