News on fire

« Fight Club 2 » de Chuck Palahniuk et Cameron Stewart – La chronique dont on ne parle pas ! Ah bah si on va en parler quand même…

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Fight Club 2 – Chuck Palahniuk et Cameron Stewart

C’est une chronique à double détente que vous allez trouvez puisque nous nous sommes amusés, mon ami Yvan (de l’excellent Blog Emotions) et moi à confronter nos avis sur cet OVNI qu’est « Fight Club 2 » !

MA CHRONIQUE :

Plusieurs années se sont écoulées après les événements du premier « Fight Club ». Le personnage de Sebastian (joué par Edward Norton dans le film), double falot du charismatique et dangereux Tyler Durden (Brad Pitt dans le film), est retourné à son existence morne. Il est largué, dépressif et sombre dans sa vie et son couple. Vous vous doutez bien que cela ne va pas durer !

La première chose qu’il convient de souligner avant de parler du contenu est le très joli contenant proposé par les éditions Super8. « Fight Club 2 » est paru aux Etats-Unis en 10 épisodes chez Dark Horse Comics, fameux éditeur indépendant connu pour accueillir Franck Miller (Sin City, 300) et Mike Mignola (Hellboy) dans son giron. Heureux veinards que nous sommes, c’est en « Trade Paperback » intégral que nous sort directement la version française ! Merci aux Editions Super8 !

Un superbe objet d’ailleurs. Si vous le feuilletez en magasin ou si vous venez de l’acheter, faites-moi le plaisir de vous rendre directement en fin d’ouvrage pour y contempler les magnifiques couvertures de David Mack (Daredevil, Kabuki), des peintures sublimes, des fresques d’envergure, de magnifiques miroirs émotionnels…

Après un livre (1996) et un film (1999) devenus tous les deux cultes vingt ans plus tard, Chuck Palahniuk considère que le comics est le médium le plus adéquat pour conter la suite (lire son interview ici !).

Cependant ce n’est pas le comics book des familles que l’auteur vous propose ici mais un voyage dans les méandres de la folie ordinaire. Le récit est chaotique à souhait, les cases de Cameron Stewart (on y reviendra) sont un patchwork de dessins et de matières. Comme s’il avait jeté des cris et de la hargne sur le papier à dessin à partir de ses gouaches obscures.

« Fight Club 2 » c’est surtout une manière expérientielle de raconter l’histoire en déstructurant le contenu des cases. D’ailleurs, on ne va pas se mentir, le scénario est cryptique, alambiqué et malgré une relecture immédiate, certains points échapperont probablement encore au lecteur averti. Mais étonnamment, ce n’est pas grave tant c’est l’ambiance et l’état d’esprit qui priment sur le reste. Le mot expérience, comme évoqué ci-dessus n’est pas anodin, c’est vraiment ça, une expérience hors du commun et atypique.

De toutes les façons, pas de panique, chaque épisode commence par un résumé conté à la manière des consignes de sécurité d’un avion (en VF dans le livre évidemment).

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Fight Club 2 – Résumé

Et les dessins ? Cameron Stewart est connu pour ses travaux chez l’éditeur américain DC COMICS et notamment les séries Batgirl, Batman and Robin, Catwoman… Son trait colle parfaitement à l’histoire et c’est un choix très judicieux qu’a fait Palahniuk. Les cases sont brillantes, somptueuses, torturées, vivantes…  Stewart compose chacun de ses dessins comme un plan de cinéma. Ils sont pensés, fouillés, travaillés. Les planches ne racontent pas une histoire, elles immergent le lecteur dans l’univers déjanté et machiavélique de Palahniuk.

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Batgirl – Cameron Stewart

Plus qu’une histoire linéaire d’ailleurs, et c’est LE point intéressant de la lecture, il y a toute une réflexion un peu métaphysique sur l’œuvre plus grande que son auteur, sur l’œuvre qui échappe et dépasse celui qui l’a créée, sur l’appropriation des personnages iconisés par un public en manque de repères.

On ressent surtout l’étonnement (l’agacement ?) de Palahniuk par rapport à la puissance du film dans l’imaginaire collectif aux dépens du roman original. D’ailleurs et on s’en amusera, Chuck Palahniuk se met lui-même en scène dans la BD et s’étonne que les gens au final ne connaissent ou ne retiennent que la version filmique, différente du livre sur certains points cruciaux. C’est l’un des points étonnant de ce « Fight Club 2 » : l’intronisation de l’auteur en tant que Deus ex Machina dans l’histoire.

Vingt ans plus tard, il est à noter que Palahniuk était visionnaire, que ce soit son approche sur les sectes terroristes armées qui commettent des attentats (ce que devenait le Fight Club en grandissant), sa dénonciation de notre rapport au consumérisme ou bien plus récemment sur la prise massive et inquiétante de médicaments tranquillisants dans nos contrées occidentales.

Bref, vous l’avez compris, « Fight Club 2 » est un roman graphique indispensable, un peu hermétique certes mais fourmillant d’idées, de points de vues et de réflexions sur l’état de notre société.

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Un grand merci aux Editions Super8 qui sort encore un petit bijou. A force, on va en faire des colliers chez tous les joailliers de luxe !

 

La chronique d’Yvan de Blog Emotions (pour retrouver l’article original, cliquez là !)

La BD n’est pas mon univers habituel et j’ai donc posé des yeux de profane sur la suite de Fight Club en version dessinée. Non-initié ne veut pas dire que je me suis plongé dans l’ouvrage à reculons. Bien au contraire, c’est avec un état d’esprit particulièrement curieux que j’ai découvert les premières planches. Pour bien me plonger dans l’ambiance, j’ai d’ailleurs revisionné le film de David Fincher datant de 1999.

Les deux font la paire (de fêlés)

Mais n’oublions pas que FC est avant tout un livre (1996) ! Chuck Palahniuk est le géniteur de cette histoire dingue et violente. On le retrouve aux manettes du scénario de cette bande-dessinée (où il se moque d’ailleurs un peu du film au détour de quelques passages), avec Cameron Stewart comme compère pour l’illustration.

Comment résumer l’expérience qu’aura été cette lecture… Démente, surprenante, violente, déstabilisante, renversante… Une plongée au plus profond des esprits malades des personnages (et de leurs auteurs).

Une vraie expérience sensorielle pour le profane que je suis, donc. J’y ai perdu mes repères, ma voix et un peu la tête. Il faut dire qu’il n’est pas toujours évident de suivre cette intrigue déstructurée, découpée en dix parties (Fight Club 2 a été publié en feuilletons aux États-Unis). Heureusement que chaque nouvelle partie s’ouvre sur une sorte de résumé (déjanté et franchement très drôle).

Fourmillement

FC 2 fourmille d’idées, d’inspiration, d’imagination et de délires. A travers l’histoire et le texte de Chuck Palahniuk, clairement décalé au point d’intégrer sa propre personne dans le récit. Par le dessin de Cameron Stewart où chaque bulle explose dans un tourbillon de créativité.

J’ai lu les premières pages avec enthousiasme, j’ai commencé à perdre le fil ensuite, je me suis raccroché aux branches, j’ai tenté de laisser s’évader mon esprit et mettre de coté ma raison trop cartésienne. Une vraie expérimentation assez exigeante, qui m’aura fait passer par nombre d’états, de l’excitation à l’énervement, de la réflexion à la rêverie. Et ce n’est pas le final qui m’aura permis de retomber les pieds sur terre.

Roue libre et cœur joie

On a parfois l’impression que les deux auteurs sont en roue libre, même s’ils s’en donnent à cœur joie. Une sensation déstabilisante et assez improbable, surtout concernant la fin qui est… particulière.

Les dessins de Cameron Stewart sont en tout cas d’une expressivité et d’une inventivité étonnantes. Je n’ai aucune compétence pour parler de technique, mais sa manière d’illustrer cette intrigue folle est à son image : franchement barjo.

Un mot sur l’objet, absolument superbe, à l’image de sa couverture intérieure très différente de la sur-couverture, et des étonnantes planches de couvertures alternatives proposées en fin d’ouvrage.

Oubliez tous vos repères, gardez l’esprit ouvert, pas besoin d’être expert, tant qu’on accepte de plonger dans un récit non linéaire. Perturbante, mais vraiment intéressante expérience sensorielle que ce Fight Club 2.

Note : 7.5/10

4ème DE COUV : 

La première règle du Fight Club, vous vous souvenez ? Mais ça, c’était avant. La cendre des glorieuses explosions d’antan est depuis longtemps retombée. Nous sommes dix ans après la fin de la première histoire. Marla et  » celui qui se fait appeler Sebastian  » sont désormais mariés, englués dans une haïssable petite existence bourgeoise. Ils ont une maison, un petit garçon, sans doute une carte d’électeur – plus rien ne les distingue de leurs voisins. Sebastian, cependant, n’est pas tout à fait guéri : il gobe des petites pilules pour juguler les symptômes de son ancienne schizophrénie. Marla, qui trompe son ennui en participant à des groupes de parole bizarroïdes, les remplace par du sucre et de l’aspirine : une façon comme une autre de faire revivre Tyler Durden, afin qu’il revienne foutre le bordel dans leur univers trop bien rangé.

 

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Plus que des quatrièmes de couverture, plus que des résumés de films, c'est de la passion et de l'émotion que vous découvrirez ici.

27 Comments on « Fight Club 2 » de Chuck Palahniuk et Cameron Stewart – La chronique dont on ne parle pas ! Ah bah si on va en parler quand même…

  1. Je venais de lire l’article de Gruz sur Babelio, mais je ne pensais pas que Super 8 faisait dans la bédé… je révise tout et je ferais bien de lire le tome 1 et de voir le film !! 😀

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  2. Je n’ai pas tout compris mais le fait d’avoir un spécialiste et un profane est intéressant et bien pour nous 😉 Je n’ai vu que le film j’avoue mais Edward Norton quoi ! Bisous les loulous.

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  3. stephanieplaisirdelire // 3 Mai 2016 à 8 h 16 min // Réponse

    J’ai adoré cette suite et l’objet !

    Aimé par 1 personne

  4. Ca va être dur de passer à coté, si vous vous y mettez à deux!!!!Pas fan des BDs, (je ne sais pas pourquoi je bloque avec ce style de littérature alors qu’il recèle de merveilles), j’ai bien envie de vous faire confiance sur ce coup!!!;)

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  5. Je ne sais pas, j’hésite.

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  6. Content d’avoir fait cette chronique commune avec toi, mon ami 😉

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  7. Vous êtes mignons tous les deux 🙂
    Comme je le disais à Yvan, la dernière BD que j’ai lue c’était Sin City. J’avais beaucoup aimé le film et la BD est très chouette aussi. Walking dead me brancherait bien aussi mais je ne suis pas objective, c’est ma série préférée.
    Pour une fois c’est une BD tirée du film si je comprends bien?

    Aimé par 1 personne

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