« Sœurs » de Bernard Minier – La chronique pour famille nombreuse !

Sœurs de Bernard Minier
Le nouveau roman de Bernard Minier est passionnant à plus d’un titre. Tout d’abord parce que l’intrigue est folle et, comme à son habitude chez Minier, solide comme un roc. Ensuite, parce que retrouver le personnage de Martin Servaz est toujours un délice littéraire, un sorbet pêche qui fond dans la bouche et réjouit les papilles, une réminiscence des premiers baisers échangés qui résonne encore dans notre présent. Résonance alimentée par la récurrence des romans.
D’autant qu’à la solide intrigue, Minier intègre une réflexion méta sur la place de l’écrivain dans la société. Quelle est son influence ainsi que celle de son écriture sur les lecteurs ? À quel point une œuvre peut-elle marquer les esprits au fer rouge et influer sur les comportements ? On dit souvent d’une œuvre (un livre, un film, une chanson…) « elle a changé ma vie » et l’histoire contée dans « Sœurs » en proposera une démonstration. Effrayante, bien sûr : vous êtes dans un Polar !
L’auteur s’interroge aussi sur les groupes de lecture qui peuplent les réseaux sociaux (ça vous parle, non ?😉), sur les rapprochements entre l’artiste et son public – rapprochements permis voire rendus quasi-obligatoires (forcés ?) par les nouvelles technologies. Est-ce une bonne chose finalement ? Ce qu’on gagne en proximité ne risque-t-on pas de le perdre en mystère et en part de rêve ? On ne peut évidemment pas tout transposer mais l’analyse est fine, pertinente, clinique, découpée au scalpel.
C’est donc une mise en abyme de l’écrivain qui est proposée par l‘auteur. De fait, Bernard Minier s’est créé un double maléfique en la personne d’Erik Lang, écrivain maudit au cœur de l’enquête, et s’amuse à brouiller les pistes avec des références évidentes à ses précédentes œuvres (je vous laisse la surprise). Un pur régal ! Un tour de force virtuose. Le fameux sorbet pêche dont je vous parlais ci-dessus agrémenté d’un nappage chantilly et d’un coulis chocolat. Onctueux et addictif.
Minier nous gâte donc et va encore plus loin dans le fan-service en nous croisant l’intrigue générale avec la toute première enquête de Servaz. Le cadeau Bonux sans le détergent.
De 1988 à 2018, les ramifications vont s’étendre, s’enchevêtrer et nous offrir un canevas complexe, fouillé, haletant, n’hésitant jamais à nous prendre au piège de nos certitudes pour mieux nous embobiner.
Roman après roman, Bernard Minier upgrade la puissance de son propos, enrichit la mythologie de Martin Servaz (je mets « Une putain d’histoire délibérément de côté) et construit une œuvre aboutie et réfléchie sans jamais la sacrifier à l’autel de la facilité. Exemplaire !

4/5
4ème DE COUV’
Mai 1993. Deux sœurs, Alice, 20 ans et Ambre, 21 ans, sont retrouvées mortes en bordure de Garonne. Vêtues de robes de communiantes, elles se font face, attachées à deux troncs d’arbres.
Le jeune Martin Servaz, qui vient d’intégrer la PJ de Toulouse, participe à sa première enquête. Très vite, il s’intéresse à Erik Lang, célèbre auteur de romans policiers à l’œuvre aussi cruelle que dérangeante. Les deux sœurs n’étaient-elles pas ses fans ? L’un de ses plus grands succès ne s’appelle t-il pas La communiante ? L’affaire connaît un dénouement inattendu et violent, laissant Servaz rongé par le doute : dans cette enquête, estime t-il, une pièce manque, une pièce essentielle. Février 2018. Par une nuit glaciale, l’écrivain Erik Lang découvre sa femme assassinée… elle aussi vêtue en communiante. Vingt-cinq ans après le double crime, Martin Servaz est rattrapé par l’affaire. Le choc réveille ses premières craintes. Jusqu’à l’obsession. Une épouse, deux sœurs, trois communiantes… et si l’enquête de 1993 s’était trompée de coupable ? Pour Servaz, le passé, en ressurgissant, va se transformer en cauchemar. Un cauchemar écrit à l’encre noire.
Merci pour cette belle chronique sur ce « Soeurs », parce qu’il le vaut bien !!
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Et merci à toi pour ce gentil com’ ma Kris d’amour 😘❤️
Oui « Sœurs » le vaut bien 😉
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Sacrée bonne idée de nous avoir proposé Servaz jeune ! Minier est effectivement devenu incontournable (je peux ravoir du rab de chantilly et de nappage chocolat ?)
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Hihihi miam miam 😋 je t’aime gourmand mon Yvan 😋
Oui ça m’a beaucoup plu cette idée, j’ai passé un merveilleux moment de lecture. Que demander de plus ?
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Ben un roman l’an prochain 😉
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😂😂😂 ouiiiii
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Je me contenterai du sorbet pêche, sans chantilly (beurk, de la chantilly industrielle ! Moi qui ai été élevée à la véritable crème fraiche battue) et sans chocolat car bourré d’huile de palme
Maintenant que j’ai bien foutu en l’air vos desserts (que sert l’abominable homme des neige ♪), je vais terminer en disant que je n’ai encore lu que le premier tome de sa saga mais que je compte arriver au bout des autres. Ma PAL, un jour je l’aurai 😆
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Je me suis arrêtée à Glacé… Que j’ai trouvé trop descriptif, du coup j’ai du mal à me lancer dans un autre….
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Je comprends complètement ce point du coup je te conseille du même auteur « Une putain d’histoire », un one-shot beaucoup plus punchy
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Ok 🙂 Merci David 😉
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