« Rêver » de Franck Thilliez – La chronique à dormir debout !

Déjà la cinquième Lecture Commune avec la merveilleuse Melie du non moins merveilleux blog « The Love Book« . Le plaisir est toujours autant au rendez-vous. Nous espérons que pour vous aussi. D’autant que ce livre est une pépite pour l’imagination et la mise en abîme des théories les plus folles. Et on n’en a pas manqué avec Mélie. Deux doux dingues !

Le pitch : Si ce n’étaient ses cicatrices et les photos étranges qui tapissent les murs de son bureau, on pourrait dire d’Abigaël qu’elle est une femme comme les autres. Si ce n’étaient ces moments où elle chute au pays des rêves, on pourrait jurer qu’Abigaël dit vrai. Abigaël a beau être cette psychologue qu’on s’arrache sur les affaires criminelles difficiles, sa maladie survient toujours comme une invitée non désirée. Une narcolepsie sévère qui la coupe du monde plusieurs fois par jour et l’emmène dans une dimension où le rêve empiète sur la réalité. Pour les distinguer l’un de l’autre, elle n’a pas trouvé mieux que la douleur. Comment Abigaël est-elle sortie indemne de l’accident qui lui a ravi son père et sa fille ? Par quel miracle a-t-on pu la retrouver à côté de la voiture, véritable confetti de tôle, le visage à peine touché par quelques bris de verre ? Quel secret cachait son père qui tenait tant, ce matin de décembre, à s’exiler pour deux jours en famille ? Elle qui suait sang et eau sur une affaire de disparitions depuis quelques mois va devoir mener l’enquête la plus cruciale de sa vie. Dans cette enquête, il y a une proie et un prédateur : elle-même.

La Chronique de David :

Ah le malotru, le manipulateur, le vandale ! Ce Franck Thilliez ne recule devant rien pour hanter nos nuits de ses rêves détraqués ! Et c’est à notre sommeil qu’il s’attaque le fourbe ! Créateur d’insomnies va !

C’est un plaisir de lecture incomparable et coupable que procure la lecture de ce roman. Incomparable parce que le pitch est énorme, que les rebondissements sont légions, les manipulations pléthoriques et les questionnements sans fin. Vas-y, reprends ton souffle…
Coupable parce que tu sais que tu es manipulé mais tu plonges quand même la tête la première dans toutes les pistes et fausses pistes que te sert l’auteur. Comme un débutant. Et tu en redemandes !

La couverture est hypnotisante. Elle mérite qu’on s’y arrête. Arrêtons-nous y…

C’est bon, on peut repartir ?

Si l’héroïne est atteinte de cataplexie et de narcolepsie, c’est pourtant toi qui deviens insomniaque. Ton esprit tente d’activer et d’enchevêtrer les mécanismes et rouages de l’intrigue. Mais purée, les pièces ne s’emboîtent pas ! Machiavélique.

Et on va se demander jusqu’où ce Thilliez a le pouvoir de nous embarquer avec son écriture quasi-cinématographique. L’auteur emprunte beaucoup à Christopher Nolan (« Memento » et « Inception ») dans son histoire mais en même temps ces références sont désormais ancrées dans notre ADN et notre inconscient collectif de lecteurs cinéphiles passionnés du genre. Et elles sont plutôt bien assimilées ces références.

Toutes ces louanges et pas un petit défaut à se mettre sous la dent ?

Alors oui, forcément, la fin n’est pas à la hauteur. Elle enchaîne beaucoup de hasards bienheureux et utilise de très grosses ficelles. Mais vu les attentes suscitées tout au long du roman… il était quasi-impossible de la réussir et de ne pas un peu décevoir. Les expectatives etaient trop grandes. Mais dans ce cas précis, est-ce si grave ?
Deux solutions s’offrent donc à toi : tu retiens le plaisir et l’excitation des 550 pages et tu kiffes. Tu es tatillon et pointilleux et tu détestes. Arrivé ici, tu sais de quel côté je penche tant ce roman est généreux.

Mais quel sens du rythme, quel tempo, c’est comme donner des coups à un punching-ball, oublier qu’il revient toujours vers toi, tourner la tête et finir étalé. 

Le commentaire de Mélie sur la chronique de David : Troisième solution : tu savais que la fin serait moins farfelue que tes nombreuses théories fumeuses (dans le sens où l’auteur t’offre plusieurs indices qui te permettent de connaître la direction finale) mais comme tu as lu Vertige et Puzzle tu t’attendais à quand même moins de banalité après ces deux excellents One-Shot. Conseil du jour mon David commence plutôt par Puzzle, Vertige est un cran au-dessus 😉 Vivement la prochaine LC !

La chronique de Mélie (pour lire l’article original sur son blog, cliquez ici !) : 

Et si les rêves étaient réels, et si la réalité n’était en fait qu’une chimère ?

Lecture pour le challenge de la Ligue de l’imaginaire spécial Franck Thilliez pendant le mois de juillet, je dois vous avouer que je rongeais mon frein suite à la chronique d’Yvan du blog EmOtionS qui me faisait saliver ainsi que son interview de l’auteur sur ce livre. Allez jeter un oeil c’est brillant !

Nous voilà donc embarqués dans les méandres du cerveau mais cette fois nous nous concentrons sur le sommeil et toute sa complexité, les maladies qui en découlent également et justement. Abigaël, psychologue qui aide sur les affaires criminelles, souffre de narcolepsie et de cataplexie. Elle peut s’endormir très rapidement et sans contrôle et atteindre directement le sommeil profond peu importe qu’elle soit en réunion, en train de conduire ou dans son lit. Vous voyez le danger d’une telle affection qui ne se guérit pas mais qui peut se contenir grâce à une médication… qui peut comporter des effets secondaires plutôt dérangeants tels que perte de la mémoire à long terme et à court terme.

La cataplexie est encore plus pernicieuse. Imaginez que d’un coup tout votre corps s’affaisse, vous n’avez plus de contrôle là encore mais vous en avez conscience… comme si on avait augmenté l’apesanteur et que vous étiez écrasé au sol sans pouvoir réagir mais en voyant tout ce qui se passe autour. Et là encore elle peut surgir à n’importe quel moment de la journée. Bref tout ce qui touche au cerveau me fascine et j’apprécie d’autant plus Franck Thilliez qui en a fait de superbes romans.

Il y a un côté Inception, un autre Memento (deux films de Christopher Nolan qui affectionne également les thèmes des rêves et de la mémoire), également un penchant pour « Avant d’aller dormir » et moi qui aime les références normalement dans les livres, ici je ne sais plus où est l’originalité de cette histoire.

L’auteur nous guide avec malice, il nous propose une structure parfaitement maîtrisée ce que j’avais déjà apprécié dans l’Anneau de Moebius. Il n’y a aucun faux pas et l’on se régale dans ce thème qui permet une narration non linéaire à la manière de Nolan donc et même de Quentin Tarantino.

La fin est ce que l’on attend le plus, savoir enfin de quoi il retourne, après de nombreuses théories le couperet tombe et la banalité déçoit… Je vous disais que c’était souvent plus simple et normalement cela ne me dérange pas. Mais là je trouve que c’est trop commun.À nous filer pas mal d’indices finalement nous devinons l’essentiel bien trop tôt.

Un sujet vraiment passionnant, une maîtrise indéniable de la narration non linéaire mais un manque d’originalité sur l’essentiel.

Ma note : 3/5

Le commentaire de David sur la chronique de Mélie : je pense que cette lecture commune à été l’une des plus folles que nous ayons faites. Ça a supputé sévère, ça a fumé dans nos cervelles et je ne crois pas me tromper en disant que nous avons partagé 550 pages de pur kiff. J’adore tes théories. Elles sont folles et en même temps d’une richesse infinie. Je les adore ! En revanche, je suis moins déçu que toi par la fin car je savais qu’elle serait forcément en deçà des attentes. C’est là que nos notes et conclusions divergent car cela n’a pas du tout gâché mon plaisir de l’ensemble 😃