« Creed » de Ryan Coogler – la chronique qui se fait étendre !

C’est très difficile d’écrire une chronique quand tes larmes coulent, inondent ton visage et que ta vue se brouille… On ne sort pas indemne de la salle et s’il y a un K.O., c’est le spectateur qui se le prend en pleine face.

Voilà l’effet que procure la vision de ce film de boxe qui comme beaucoup de bons films de boxe parle peu de boxe en définitive. « Creed » est avant tout un film sur l’héritage, la transmission, le dépassement de soi, la maladie, la vieillesse, l’amitié… Ça en fait des sujets pour 1 seul métrage.

Ce film convoque toute une horde de sentiments. Du rire aux larmes. En passant par une bonne dose de stress car on s’inquiète pour nos personnages. Ils sont marqués dans leur chair, expirent leur traumas, tentent de cacher leurs cicatrices mais elles s’incrustent et leur font un mal de chien.

Stallone y joue le rôle de sa vie. Il n’a jamais été aussi juste, aussi émouvant, aussi touchant. Souvent moqué et mésestimé dans sa carrière par une presse peu amène, parfois à raison d’ailleurs, Sly n’a jamais bénéficié des faveurs de la critique et des institutions hollywoodiennes. C’est désormais réparé puisqu’il a obtenu le Golden Globe du meilleur second rôle pour ce film et qu’il est en bonne place pour obtenir l’Oscar, ce qui ne serait que justice tant il est magnifique et intense dans ce film.

C’est donc un retour gagnant pour ce Rocky New Generation, un passage de flambeau entre un Rocky Balboa vieillissant et un Adonis Creed émergeant, en pleine recherche de son identité et d’un père qu’il n’a pas connu mais qu’il admire et veut honorer.

Michael B Jordan est impeccable, sobre et écorché à la fois. Il emplit le film de sa présence et distribue les étincelles qui font les grands bûchers. On tient ici un grand acteur, qui gère admirablement ses rôles et fait montre d’un potentiel inouï.

« Creed » possède une grâce infinie, un charme troublant ; une ode à la famille, celle qu’on se crée, celle qui naturellement prend place quand on a tout perdu. Un film-somme, l’amalgame réussi entre deux âmes esseulées.

C’est aussi une tres belle histoire d’amour. Tessa Thompson est merveilleuse et le couple qu’elle forme avec Michael B. Jordan sonne juste. Chanteuse atteinte de surdité, elle enflamme le coeur des spectateurs et délivre une jolie performance toute en nuances.

Il faut préciser que la musique prend aux tripes et contribue à une immersion complète et une réelle envolée des sens.

Ryan Coogler, le réalisateur, effectue un parcours sans faute, après un « Fruitvale Station » déjà très réussi qui versait aussi son obole à l’émotion et ne laissait pas insensible. Auréolé de ses deux réussites, il sera le réalisateur du très attendu « Black Panther » qui déboulera sur les écrans en 2018.

Pour résumer : « Creed » est un bol d’émotions, une grenade émotionnelle qui se dégoupille et t’explose au visage. Ton coeur se désagrège, tombe en pièces dans la salle et c’est la gorge nouée d’émotions que tu rentres chez toi, délesté de litres de larmes, abandonnées sur le sol.